Bernar Venet

Bernar Venet (né en 1941 à Château-Arnoux-Saint-Auban) est l’une des figures majeures de l’art conceptuel et minimaliste contemporain. Après une formation à la Villa Thiole à Nice, il entame dès les années 1960 une démarche radicale fondée sur la rigueur, la pensée mathématique et l’expérimentation formelle.
Très tôt, il rompt avec l’expressionnisme pour créer des œuvres non-figuratives, telles que ses toiles au goudron ou ses premiers amas de matériaux bruts, comme un tas de charbon versé à même le sol — un geste fondateur. En 1966, il s’installe à New York, où il fréquente les cercles de l’avant-garde et tisse des liens avec Arman, Tinguely, Judd, ou Sol LeWitt.
Dans les années 1980, il amorce un tournant sculptural avec ses Lignes indéterminées, arcs et boucles monumentaux en acier, installés dans de nombreuses villes à travers le monde (Versailles, Paris, Berlin, Tokyo, San Francisco…).
Refusant toute inspiration extérieure, Venet conçoit un art auto-génératif, où chaque œuvre ouvre la voie à la suivante.
Chevalier de la Légion d’honneur (2005), il initie en 2014 la création de la Fondation Venet, structure dédiée à l’archivage et à la diffusion de son œuvre.

Exécuté à Tarascon, France, en 1961.

Bernar Venet devant un tas de charbon mélangé avec goudron, avenue Albert Ier, Nice, 1963.
© Philippe Bompuis

Bernar Venet dans son atelier, rue Pairolière à Nice, en 1966.
Calcul de la diagonale d'un carré, acrylique sur toile, 1966, 130 x 130 cm.
Calcul de la diagonale du rectangle, acrylique sur toile, 1966, 161,5 x 117 cm.
L'artiste achète à La Sorbonne, l'une des grandes librairies de Nice, un livre de mathématiques, et emprunte un ouvrage de chimie. Il coupe court à toute tentative de représentation symbolique, et remet en cause la valeur du plan, car il est bien plus intéressant, selon lui, l'information concernant un objet tangible.

Bernar Venet qui, en 1970, a déjà traversé l'Atlantique pour vivre son rêve américain, s'impose déjà comme "l'un des dix artistes dont on parlait à New York". Il participe à de nombreux rassemblements importants d'artistes qui sont aussi stimulés par l'art conceptuel et d'avant-garde.
Cette même année, à l'occasion de l'exposition Information, proposée par Kynaston McShine au MoMA à New York, il dispose dans un coin de la salle un poste de télévision qui s'allume lorsque sont présentés les cours de la Bourse.
Revenant au musée quelques jours après le vernissage, l'artiste a la mauvaise surprise de constater que le téléviseur a été retiré au motif que l'installation était trop bruyante. Une anecdote qui illustre bien à quel point Bernar Venet est un précurseur, alors que plus tard les installations tonitruantes d'écrans TV et vidéos d'artistes comme Nam June Paik et autres contemporains deviendront courantes au sein des espaces muséaux.

Dix ans auparavant, Bernar Venet faisait officier un sujet relevant de la géométrie plane en image. À partir de 1976, l'artiste propose de nouvelles oeuvres dont le sujet à lui seul détermine la forme du tableau. L'historien d'art et conservateur de musée Jan van der Marck écrira que l'artiste a enfin "surmonté la difficulté de subordonner la forme au contenu".

En 1979, l'hypothèse d'un nouvel état de la ligne, affranchie du carcan de la toile mais aussi de la géométrie, s'impose à l'esprit de Bernar Venet. Ce passage à une ligne non définie scientifiquement va accélérer de façon considérable sa marche en avant.

Bernar Venet en train d'installer Déploiement aléatoire de points au musée d'Art moderne, Villeneuve-d'Ascq, France, 1984.

Avec les Lignes indéterminées en acier, l'art de Berner Venet s'est déplacé dans le domaine de la sculpture. De par sa matérialité, son poids, ses dimensions hors norme, celle-ci impose un sentiment d'autorité immédiate.